Un jour, j'ai eu de nouveau envie de joli paysage et de sortie hors de la ville. Le froid recommençait à pointer son nez, on oublie le tour en tente et on cherche une petite ville.

Enchanté par ce que j'avais vu jusqu'ici de la vallée de l'Hudson, je pousse le trajet en train jusqu'à Poughkeepsie, ville principale de la région juste au Nord de New-York.

Bercés par de superbes paysages, les voyageurs filent droit vers Poughkeepsie. Ou il n'y a pas grand chose à faire, finalement...pour une fois, je regrette le Routard. Tant pis, même si j'écourterai le séjour, j'y suis et j'en profite.

A la tombée de la nuit, on entame une balade au bord de l'eau, on termine dans une ville endormie, dans un des seul bar ouvert.

Puis on cherche un hôtel. Tout est bien cher, mais l'expérience vaut le coup : on file dans un motel.

Le lendemain, après un étrange trajet en bus, entouré de vieux passablement gâteux, on revient en ville. Pour profiter de la seule attraction du coin : le fleuve.

Que l'on admire depuis le plus long pont piéton du monde.

Eh oui, ça existe. C'est bien un record, il est dans le Guiness book. Passons la stupidité de la performance, la vue est superbe et ça me fait une bien belle balade !

Je retourne fissa vers une vie new-yorkaise plus trépidante. Mais on aura quand même pris le pont piéton le plus long du monde (on sait !) vu un phasme et rit devant des américains prendre une photo honteusement idiote.

Juste en pointant le nez dehors, on se sent ailleurs. Les rues de New York ne ressemblent pas à celles des autres villes. D'où vient cette ambiance ?

Tour d'horizon des différences notables.

Les trottoirs sont larges, les immeubles hauts, les voitures énormes.

Le plan de la ville entière est organisé en damier. Toutes les rues sont parallèles ou perpendiculaires. Dans Manhattan les rues sont orientées d'Est en Ouest (Street) et les Avenues Nord Sud. Certaines ont une trajectoire diagonale, c'est une Broadway. Chaque fois qu'une Broadway coupe une avenue, il y a un Square (Times Square, Union Square, Madison Square...).

Cette rue étroite, entre Soho et Chinatown, est utilisée comme décor pour de nombreuses scènes de film. Qui ne se souvient pas d'une course poursuite terminant dans une impasse lugubre où un clochard dort au milieu des poubelles entouré de chats abandonnés ? Pure fiction, car New York ne contient aucune impasse...

Le Street Art prend place partout... Dans le moindre recoin de mur, de poteau, de hall d'entrée. Et tous les quartiers sont touchés ! Dépaysant et superbe.

Le plus frappant, c'est le bruit.

Tout est excessivement bruyant, et cela ne s'arrête jamais. Le trafic routier est intense, tout le monde klaxonne (sans résultat), le bruit des ambulances est incroyablement plus fort qu'en Europe, les voitures de police sillonnent la ville avec fracas, de même pour les pompiers...

Au milieu de tout ça, on entend parfois un petit carillon, une mélodie tintillonnante, c'est le glacier qui s'approche.

Dernières différences avec la France :

Les infirmiers et docteurs se promènent en tenue de travail

Vous ne croiserez pas de fumeur (si vous fumez, un oublie de briquet permettra à vos poumons de récupérer le temps d'une journée, difficile de trouver quelqu'un pour vous dépanner)

Par contre vous croiserez des joggeurs, partout les New yorkais courent.

Jamais votre pied ne rencontrera une crotte de chien... Bien que chaque New yorkais semble en avoir un. Les amendes sont sévères, et appliquées.

En voiture, il n'est pas bien difficile de comprendre les panneaux; à condition d'être alphabétisé, ils sont tous très explicites. Ici, on passe le code en une journée.

Avant de partir, je voudrais rédiger quelques articles s'appuyant sur mon point de vue personnel, de fille française embarquée plusieurs mois aux États-Unis.

Tenter de rendre compte de ma vision de ce pays et de ces habitants, confronter la réalité aux clichés... Tout en sachant bien que je ne sortirai jamais complètement de mes a priori, de ma culture. Je n'ai absolument pas l'ambition d'être objective, au contraire.

Toute remarque ou question est la bienvenue !

J'ai noté pleins de remarques ces derniers mois, je commencerai cependant par parler de la mixité des populations.

L'Amérique est le pays de l'immigration par excellence. Je vis dans le centre de Brooklyn, dans un quartier majoritairement Afro-américain. Pour la première fois aujourd'hui, je n'étais pas la seule blanche lors de mes déplacements en bus. J'étais assise entre 4 personnes parlant espagnol, aux visages ronds, corps trapus et cheveux ébènes, typique des populations d'Amérique du Sud. Dans le reste du bus, des métisses, africains, caribéens.

Aux États Unis, on parle sans complexe de race.

Impensable en Europe depuis Cuvier! Ce terme à connotation plus que négative n'a plus sa place dans notre vocabulaire. Est-ce pour autant une invalidité scientifique ? Débat épineux dans lequel je ne m'aventurerai pas. J'ajouterai seulement que si je reconnais bien des différences morphologiques en fonction des origines, rien de tout cela ne doit interférer avec la notion d'égalité entre les peuples. Aux US, le terme "race" apparait partout dans les formulaires : à la banque, à la sécu, à l'université. Et j'ai bien l'impression que les inégalités subsistent.

Il y a deux ans, la Bank of America s'est retrouvé en justice pour avoir pratiqué des taux d'intérêt différents selon ses clients, en fonction de leur origine. http://www.lemonde.fr/economie/article/2011/12/21/discrimination-sur-des-credits-bofa-paie-335-millions-de-dommages-et-interets_1621300_3234.html

Une de mes collègues m'expliquait que lors de ses études dans une université du Queens (un des grands quartiers de New York), les étudiants occupaient différents dortoir en fonction de leur origine ethnique dans les résidences. Un couloir pour les hispanos, un autre pour les afro etc. Ce qui ne la choquait nullement. Elle m'expliquait au dehors de ça, tout le monde se fréquentait. Mais à l'image de leur série télé, je n'ai encore croisé aucun couple mixte.

J'ai appris récemment que certains lycées américains n'organisait pas leur fameux bal de fin d'année pour tout le monde, mais seulement pour les blancs. Ainsi le lycée de Wilcox en Géorgie a vu son premier bal mixte cette année, à l'initiative des lycéens... Et ce n'est pas un cas isolé.

Ils acceptent aisément de tous se côtoyer, acceptent bien plus facilement que nous le faisons, je crois, les différences culturelles. Ils ne montrent pas du doigts les femmes voilées, ne semblent pas voir les accoutrements des familles juives pratiquantes, ne se choquent pas des tenues exubérantes de la jeunesse blanche branchée... Tout va bien, mais chacun reste chez soi. Chaque quartier a son ambiance, car chaque quartier a sa population. C'est le principe du Salad bowl (préféré à son ancien terme Melting pot). Des communautés se créent, n'interagissant que peu ou pas avec les autres. Dans le quartier juif de Crown Heights à Brooklyn, les indications des devantures de magasins, des bus scolaires etc. sont indiqués en hébreu. Une forte population de Dominicains occupe une partie du Bronx. Les publicitaires s'adaptent au lieu, la plupart des affiches sont en espagnol. Je me suis rendue chez des commerçants ne parlant pas un mot d'anglais, alors qu'ils sont établis aux US depuis plusieurs années.

Un tour chez le coiffeur à été pour moi une formidable expérience, pomponnée pendant 2 heures par une coiffeuse et sa clientèle habituelle qui échangeait dans un dialecte semi inconnu. Je me suis sentie transporter dans leur chaude île...

New York peut vous faire faire le tour du monde !

Décidemment, je vous montre surtout mes sorties hors New-York! Promis, j'y reviens bientôt.

Mais d'abord quelques photo d'un paysage qui n'est pas sans rappeler le Bassin d'Arcachon...à la différence que Manhattan se dessine sur la ligne d'horizon!

Il s'agit d'une aire de refuge pour oiseaux. L'entrée est gratuite et permet de faire un petit tour en pleine nature, la vraie, celle qu'on laisse (à peu près) en paix. Je précise à peu près car en plus des chemins, des travaux viennent d'être engagé pour tenter de restaurer le lieu endommagé par le passage du terrible ouragan Sandy.

Le temps d'un week-end, je pars à la découverte d'une autre ville américaine: Boston, dans le Masachussetts, à 3 heures de car de New York.

Enfin 6... Pris dans les embouteillages je rate une grosse partie de ma soirée du vendredi. J'ai pu admirer le calme effarant des américains. Dans ce genre de situation, n'importe quelle personne normalement constituée français aurait réclamé un dédommagement! Pas ici, le but c'est d'arriver non? Eh bien on est arrivé, pas la peine de râler!

Arrivée de nuit, je marche le long des quais, Boston est une ville en bord de mer.

Et trouve refuge dans cette bicoque pour déguster une soupe de homard. Spécialité locale à petits prix...un délice!

Une fois repue, un metro m'emmène à "Wonderland" (un des terminus), puis chez mon hôte.

Pour visiter Boston, la ville a eu une idée ingénieuse... Sur le sol, une ligne rouge indique un trajet à suivre au travers du vieux quartier pour découvrir l'histoire de la cité. Je me laisse guider !

Grands parcs, peu de hauts buildings, manifestants contre la guerre en Irak, j'apprécie le séjour !

La ligne rouge nous conduit d'ancien cimetière en églises, de marché couverts en parcs et jardins.

Je visite avec émotion un mémorial de la Shoah. Aucun ne m'avait frappé comme celui-là. 4 grandes tours de verres, représentant chacune un camp, se dresse le long d'une allée. Ils sont recouverts des numéros tatoués sur le bras des prisonniers. Des citations ponctuent notre progression, frappantes et choquantes.

Je repars avec une image charmante de Boston, où les rues sont calmes, les bars et les restau s'étalent en terrasse, les marchés pas chers et les vêtements détaxés, les habitants détendus et sympathiques, le parcs luxuriants et fréquents. Je rentre sur New-York et continue de trouver qu'elle est fascinante, mais je rêve de moins de frénésie. J'en suis maintenant persuadée, je ne pourra pas vivre longtemps dans une telle grande ville.